Petit matin détrempé aux portes du Rub Al-Khali….
le désert le plus sec du monde…petit matin glacé…aux portes du désert le plus chaud du monde…

Frissonnant je photographie la caravane qui s’en va là-bas avec notre dernier espoir…sur la piste….

la piste qu’une fausse manœuvre de notre chauffeur nous a fait quitter hier après midi pour venir nous embourber jusqu’aux portières dans le sable mouillé…

la piste qu’il nous tarde tant de retrouver pour rejoindre un semblant de civilisation…..c’est la mousson…il fait gris….il fait froid…il fait humide et tout le monde est de mauvaise humeur….de mauvaise humeur contre ce chauffeur buté qui refuse de demander de l’aide aux bédouins  pour une stupide question d’honneur et d’amour propre….de mauvaises humeur à cause de la nuit passée à 8 dans l’habitacle étroit et inconfortable de la Toyota Land Cruiser…nuit qui nous laisse transis , courbaturés et la bouche en carton….furieux contre l’imbécile qui nous a fourrés dans ce mauvais pas…furieux d’avoir passé des heures la veille à creuser pour dégager les roues ….des heures à tracer un double rail de pierres et de branchages…furieux qu’il nous ait refusé d’exécuter la manœuvre qui nous aurait permis de sortir de l’ornière….en rage de ne pas l’avoir assommé quand après avoir fait trois mètres sur notre chemin de fortune , il s’est réembourbé à côté…..

Sans un mot…maussades et ventre creux il ne nous reste plus qu’à recommencer le travail de la veille…fermement décidés cette fois à tenir Ali , le chauffeur ,  en dehors de notre plan de dépannage …par la force s’il le faut….